Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

2017-11-23T13:20:31+01:00

A ta vie et à leurs larmes. A nos souvenirs.

Publié par Moi et mon "joli chapeau"

Nous avions préparé ta sortie. Nous en avions parlé souvent. La tenue que tu mettrais était prête pendue sur le ceintre.  Nous avions choisi l'ambulance qui te ramènerait à ton domicile. Pas celle de la dernière fois qui n'avait pas été correcte avec nous, personnel soignant.  Ni celle qui t'a transporté des mois durant pour tes séances de dialyse hebdomadaires, tu voulais du nouveau comme tu disais si bien.  Tout était prévu.  Dès que ta fonction rénale le permettrait tu rentrerais auprès des tiens. Ce jour tant attendu est arrivé, j'ai fais ta toilette avec le plus grand soin. J'ai coiffé tes cheveux grisonnants en arrière et j'ai enlevé ta sonde naso gastrique, celle que j'avais eu tant de mal à poser et qui t'a nourri des semaines durant.  Tu as été le premier patient qui a croisé mon chemin lors de ma prise de poste. Celui qui m'a vu évoluer, celui qui a accepté que mes soins ne soient pas parfaits. Et aujourd'hui, sans te retourner, tu quittes ce service hospitalier qui a été ta maison 8 semaines durant. Malheureusement nous n'avions pas imaginé ni toi ni moi, que c'est dans une housse blanche que tu franchirais les portes du service. Tu es mort cette nuit, toi, mon premier patient. J'ai utilisé de l'eau pas trop chaude comme tu aimais bien, et j'ai mis du parfum sur tes poignets, ça fait classe quand on enlace les femmes disais tu. 

Tu n'as pas compris toi, ma collègue, que je prenne autant de retard sur mes soins et sur mes douze heures de travail. Iln'était pas logique pour toi que je passe quarante cinq minutes autour d'un café avec toi, la maman de mon patient si parfait. Tu m'as raconté son mariage, et son divorce aussi.  Les métiers qu'il a fait et sa demission sur un coup de tête pour rejoindre le monde associatif et pour aider les autres. Tu m'as raconté son caractère de cochon comme tu dis si bien, j'ai ris autour de ce café. Jusqu'à ce que ce soit à moi de te raconter, les jours d'hospitalisation et les humeurs de chacun, son humour pas drole qui ma souvent fait rire pourtant. J'ai pris le temps de te repeter encore et encore que nous avions pris grand soins de lui jusqu'à ce qu'il s'en aille. Il s'est autorisé à s'en aller, au milieu de la nuit, comme une récompense d'un combat contre la vie, cette vie qui ne fait pas de cadeaux. Nous avions préparé ta sortie jusque dans les moindres détails, et pourtant. Aujourd'hui tu es mort et je continue à trinquer avec des compléments alimentaires à l'heure de l'apéro, avec un petit regard par la fenêtre.  En mémoire de ton humour, de la technique qu'il m'a fallu apprendre sur ton corps malgré moi. En ta mémoire, toi, mon premier patient. 

Voir les commentaires

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
commentaires

Girl Gift Template by Ipietoon - Hébergé par Overblog