À jamais...

Un signe de la main. C'est un peu le rituel. On se dit au revoir sans se dire adieu. Ici, c'est un peu ta deuxième maison, celle qui t'accueille pour soigner tes maux des qu'il y en a. Je ne te demande plus si tu es diabétique ou si tu as des aversions alimentaires. Tu ne manges pas de viande je le sais déjà. Et je peux passer le matin en premier dans ta chambre, les volets sont toujours déjà ouverts et la radio déjà en marche. Tu n'es pas très couche tard, mais assez matinal toutefois. Un dernier signe de la main. On se dit au revoir sans se dire adieu. C'est un peu le rituel. On ne se dit pas à bientôt mais on y pense tout doucement quand même. Cette fois ci c'était un peu différent.

Je t'ai rattrapé dans l'ascenseur pour te dire un vrai aurevoir, cet adieu déguisé qui signifie qu'on ne se reverra sûrement jamais. Je change de service dans dix jours. Avec un sourire en coin et la boule de larmes dans la gorge, un dernier signe de la main pour se dire adieu cette fois ci. Je ne t'oublierai pas, toi mon patient si joyeux qui aimait chanter du vianney avec moi le matin pendant tes prises de sang. Et chaque jour ça continue, je dis aurevoir à ces patients chroniques qui, chacun par leur petit édifice ont fait de moi une infirmière. Le genre d'infirmière wonder woman qui chante en piquant des bilans, qui engueule monsieur télé qui ne règle pas assez rapidement le problème alors que ce soir, c'est soir de match, et qui se ballade avec une couronne sur la tête le jour du gâteau des rois. Merci mes patients chroniques pour avoir fait de moi cette infirmière qui soigne les bobos et qui répare les lavabos, mais qui pleure silencieusement avec le sourire au coin des lèvres quand il faut dire adieu au lieu d'au revoir cette fois ci.