"On pourrait remettre ton badge à l'endroit? "

Quatre après midis. Cinq infirmières et trente trois patients. C'est inespéré, ça n'arrive jamais et pourtant, c'est arrivé. Nous avons pu prendre le temps, j'ai pu discuter avec toi. Te raconter cette couverture qui prend forme petit à petit pour cet enfant que j'aurai peut être un jour. Regarder tes photos de vacances de l'année dernière , loin des hôpitaux, près des vagues et du soleil. Et, j'ai enfin pris cinq minutes pour que nous remettions ensemble mon badge à l'endroit. Tu m'as dis il y a quelques jours qu'il était à l'envers et je t'avais promis que je reviendrai et que tu pourrais le remettre dans le bon sens, toi mon patient si exceptionnellement différent mais pourtant tellement attachant. Ces quatre après midi ont mis mon coeur à rudes épreuves malgré le surnombre, le soleil et la victoire de la France. Les nouvelles de la patiente si jeune qui a fait un arrêt cardiaque auraient pu être largement meilleures, les larmes de mon tout jeune patient apeuré par sa chirurgie cardiaque alors qu'il devrait être en train de fêter le bac ont été difficiles.

Mais heureusement les portes étaient ouvertes, la musique en tout genre s'échappait de certaines chambres, les cris de joies à chaque but de cette coupe du monde ont rassemblés les coeurs. Soignants, médecins , patients ou famille. Tout le monde a souri, tout le monde a chanté. C'est aussi ça l'hôpital. C'est les larmes, les cris et la maladie. Mais c'est aussi des moments de partage, les choses que la vie remet à leurs places alors que nous prenons conscience du bonheur des choses les plus simples de la vie. A cet endroit qui fait pleurer autant qu'il rend heureux, qui rassemble les coeurs et les esprits autant qu'il peut les diviser sur certaines questions. A mon lieu de travail, que je déteste lorsque le réveil sonne un dimanche à 4h30 du matin mais qui m'apporte tellement pourtant. Et à ces patients qui me rappellent à chaque instant pourquoi jai choisi ce métier.